J'ai le type même d'une fille sans type !
« Je croyais, petite fille, qu’en regardant le soleil pendant des heures, mes yeux deviendraient bleus. »
Un "monologue" exceptionnel, mis en scène par Laurent Le Doyen et Raphaël Beauville, interprété par une jeune comédienne, seule en scène pendant une heure ! Les textes de Xavier Durringer lui collent à la peau comme si c'était elle ! Et si c'était vraiment elle ?
… « Y a rien dans ma vie, jamais rien qui se passe, pas un truc qui fait que j’ai la bonne humeur dès le matin, je rencontre que des cons, dans une vie de con, que des mecs qu’en peuvent plus, qui te reluquent le cul comme des bêtes furieuses. » …
Les « Chroniques » de Xavier Durringer font le tour de tous les cours de théâtre amateurs ou professionnels, beaucoup de jeunes comédiens jouent ses textes à plusieurs. Mais pour la première fois, une jeune femme s’y risque seule. Crystal découvre les chroniques vers l’âge de 14 ans, elle s’y plonge, s’y complait. Elle y prend ses marques, se les accapare, et naît en elle l’envie de les vivre sur scène.
… « Il pose ses yeux sur moi, comme des brûlures de cigarettes. Il lit dedans, là, dedans ma tête. Il me transperce, il lit dedans, là, dedans ma tête. Il me gratte derrière les yeux, il s’insinue, il rampe, il ronge, il perce. » …
C’est la première rencontre avec Laurent Le Doyen qui sera le déclic, il aime ces textes et perçoit en Crystal une soif de s’éclore, d’exploser. Ils succombent mutuellement au talent de l’autre, le cupidon du théâtre les touches « l’amour théâtre » est magique et cela se partage sur scène !
Quelques périples sur des scènes diverses plus tard, l’expérience et la maturité acquises, Crystal décide de se lancer sur les planches parisiennes, Raphaël Beauville, la guide vers la version actuelle.
Peut-être une satyre du quotidien des jeunes femmes en fleur ? Ils mettent le doigt là où cela fait mal, sans avoir l’air d’y toucher. On rit, on pleure, on grince des dents avec cette « Sylvie » bombe brune, banale, touchante et tellement vraie …
… A voir !
Notes d’Intentions
Mise en scène
Mon travail sur cette pièce a été naturellement différent mais finalement assez complémentaire de celui de Laurent. Et c'est sans doute pour cette raison qu'il me fut plus facile que je ne le pensais de reprendre la mise en scène. J'ai de plus voulu accompagner l'évolution que je ressentais dans le rapport de Crystal au personnage de Sylvie plutôt que de tout bouleverser.
Je garde un souvenir très fort du premier spectacle écrit et mis en scène par Xavier Durringer que j'ai vu. Il m'a fait découvrir une langue âpre, parfois douce, souvent violente mais toujours crue et pourtant empreinte d'une poésie puissante. Il a aussi imprimé en moi l'évidence que son écriture appelait une incarnation très forte et que même quand ses personnages se cachent derrière une profusion de mots et d'images, ils restent profondément entiers, à fleur de peau sans aucune distanciation.
C'est dans ce sens là que nous avons travaillé avec Crystal.
J'ai de plus pris le parti au lieu d'une succession de "tableaux", d'une lecture plus fluide au départ où les textes que nous avons choisis s'enchaînent imperceptiblement, de façon naturelle. Jusqu'au point de rupture du personnage où l'évolution se fait plus saccadée. Plus violente.
Raphaël Beauville
Lorsque j’ai découvert « Chroniques des jours entiers et des nuits entières » de Xavier Durringer, j’ai immédiatement été enthousiasmé par la force et la vérité qui s’en dégageait.
Des bouts de vie, des instantanés bruts de la condition humaine qui n’avaient aucuns liens entre eux, si ce n’est cette écriture si particulière, d’une poésie viscérale, à la fois directe et imagée, pour décrire la souffrance, les blessures, la solitude, l’attente et l’espoir.
Saisir et retrouver à travers ce kaléidoscope de vies, une vie, celle de Sylvie, jeune fille qui rêve, attend, espère, se débat, lutte et abandonne, représente pour moi un challenge et une possibilité d’explorer l’essentiel, les tressaillements de l’âme, dans leur expression la plus directe.
Laurent Le Doyen